Penser l’avenir est pour certains un exercice empreint d’intellectualisme qui serait l’apanage de ceux qui seraient davantage conscients de la part de rationalité qui leur est impartie. Toutefois, il reste certain que le tableau de l’avenir, se présente souvent comme le résultat d’une trajectoire de vie. Une trajectoire de vie, dessinée dans un milieu qui fait naître et grandir la vie dans la beauté de sa pluralité et de sa pluridimensionnalité. Une existence enveloppée d’amour, de joie et d’espoir est, selon ce point de vue, une source qui garantit un avenir prometteur. Dans les conjonctures actuelles d’Haïti, comment envisager l’avenir de la jeunesse ?
Le mode d’organisation de la vie sociale, politique et économique, joue un rôle déterminant dans le progrès et le type de développement souhaité. Ainsi, faudrait-il arriver à se mettre d’accord sur le fait que le fonctionnement social, les traditions et l’intégration des éléments positifs de la culture, constituent le moteur principal capable de générer et de conserver les valeurs et les convictions auxquelles les membres de la cité sont attachés. Parler d’avenir, n’est pas un acte de prophétisme qui serait dépourvu de racines concrètes plongées dans le présent ou l’ensemble de la réalité. Georges Bernanos aimait dire que c’est la fièvre de la jeunesse qui tient en branle la température de la société. Dans cet ordre d’idées, nous sommes amenés, de prime abord, à regarder les choix de la jeunesse dans une société haïtienne où l’exiguïté de l’espace optionnel n’est pas à miniaturiser. En second lieu, on serait amené à se demander quelles stratégie employées par une jeunesse assez atrophiée et limitée. Quand le mécanisme de défense tient lieu et place de stratégie; il est alors presque normal que le mouvement social ou d’un groupe social soit dépourvu d’avenir durable parce que, justement, trop rythmé d’immédiateté et de spontanéité. L’effritement des références culturelles, détourne progressivement le sens du progrès social; brise le contrat social qui devrait informer les actes de chacun des membres de la société.
Les faiblesses de la société haïtienne se situent dans ses bases. Ainsi, est-il nécessaire de revenir aux sources, de s’orienter vers de nouvelles sources s’il le faut. Proposer de nouvelles trajectoires aux courants de pensée et au courant de la pensée. Appliquer de nouvelles manières de voir; s’appliquer à de nouveaux devoirs. Prier comme on croit; vivre comme on prie. Tenter de nouvelles prévisions enracinées dans le concret de la réalité. Et même là encore, l’avenir de la jeunesse reste un problème qui ne fait plus problème au sens de plus d’un; et c’est de là qu’il se révèle un problème quasi entier.
Ricardo Amazan – ricardozan02@gmail.com